Le principe qui doit guider tout projet est le respect de la substance historique et des caractéristiques des types de constructions.
Dispositions légales
Outre l’Arrêté du Conseil d’État du 10 avril 1990, les dispositions en matière de permis de construire de la loi sur les constructions (LATeC) du 9 mai 1983 de même que de son règlement (ReLATeC) du 18 décembre 1984 doivent être observées. De plus, les travaux soumis à permis de construire et projetés hors de la zone à bâtir sont assujettis à la législation fédérale en matière de constructions hors zone et doivent, en cela, faire l’objet d’une autorisation spéciale de la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions (DAEC). Se renseigner auprès de la commune concernée.
Les travaux d’entretien et de réparation qui ne modifient pas l’aspect de l’ouvrage, sa structure, ses éléments dignes de protection ou l’affectation des locaux, ne sont pas soumis à l’octroi d’un permis.
Les teintes des façades, des toitures et des éléments d’architecture tels que balcons, volets, etc., sont soumises à l’approbation de l’autorité communale.
Est réservé l’avis de la Commission des biens culturels lorsqu’il s’agit de chalets faisant l’objet de mesures de protection.
Pour les objets soumis à l’octroi d’un permis, la demande préalable auprès du Service des constructions et de l’aménagement au sens de l’art. 184 LATeC est vivement recommandée. Elle est gratuite. (SeCA : 026 305 36 13).
Le toit
Tavillons
Par tradition, le chalet d’alpage est recouvert de tavillons, matériau emblématique des Préalpes. Ce type de couverture est par conséquent vivement recommandé.
Le recours au tavillonnage assure la pérennité d’un savoir-faire. Le tavillon est écologique puisqu’il est un matériau naturel d’origine locale.
Pour une couverture en tavillon, le propriétaire peut bénéficier d’une aide financière substantielle (voir l’Arrêté du Conseil d’État du 10 avril 1990, art.8). Se renseigner auprès du Service des biens culturels (026 305 12 87). Subventions déduites, le tavillon concurrence les autres modes de couverture. Le propriétaire peut également se référer à la Charte des tavillonneurs.
Fibre-ciment (type Éternit)
Les plaques en fibre-ciment sont une alternative au tavillon. Préférer les plaques petites et plates, dans une teinte qui se rapproche de celle du tavillon. Pour les arêtes, si elles ne sont pas en fibre-ciment, préférer le cuivre à la tôle galvanisée.
Tôle
Sujet à polémique, la tôle s’intègre mal au paysage alpestre. De plus, elle est considérée comme un piètre isolant thermique et phonique. Depuis le 01.09.2012, l’Arrêté du Conseil d’État du 10 avril 1990 admet les ardoises ou bardeaux de métal non réfléchissant et de teinte s’apparentant à celle des tavillons vieillis. Il exclut les plaques de métal ondulées ou trapézoïdales (voir l’Arrêté du Conseil d’État du 10 avril 1990, art.11).
Ferblanterie
Utiliser le cuivre ou le zinc pour les petites surfaces (exemple: les joues des lucarnes). Le cuivre a un effet positif sur le tavillon.
Isolation
Si isolation il y a, il faut impérativement maintenir une ventilation minimale entre la couverture et la sous-couverture.
Cheminées autres que les bornes
Se référer aux prescriptions ordinaires de l’ECAB.
Chéneaux
La pose de chéneaux est souhaitable pour trois raisons:
- La récupération de l’eau de pluie si elle est nécessaire.
- La protection des murs et des soubassements, surtout à l’amont du chalet.
- La protection du passage des hommes et des bêtes aux entrées du bâtiment.
Le chéneau en bois est une tradition à valoriser. Sinon, préférer le cuivre aux matières synthétiques. Selon la configuration du toit, ne pas oublier d’abaisser, voire d’ôter les chéneaux pour l’hiver.
Création de jours sur le toit
Les toits des chalets d’alpage n’étant par tradition pas équipés pour la prise de jour, il convient de bien étudier la question avant d’aménager des ouvertures. Quoiqu’il en soit, ce type de travaux doit passer par une mise à l’enquête. S’informer auprès du Service des biens culturels sur les types d’ouvertures envisageables.
Capteurs solaires
L’énergie solaire est bienvenue au chalet et il convient de lui réserver la meilleure place tout en réfléchissant à son intégration. On donnera la priorité aux panneaux de petite dimension qu’on placera aux abords du chalet si le site le permet.
Les façades
Les murs
Si un mur doit être refait et qu’on ne tient pas à le monter en pierres, utiliser la brique en ciment. La brique en terre cuite engendre des problèmes de capillarité, surtout côté amont.
Profiter des travaux pour assurer un bon drainage devant le mur en question.
Le crépi
Aller au plus sobre. Eviter le faux rustique (pierres apparentes, effets de gaufrage…) et les surcharges décoratives. Le crépi n’a d’autre rôle que celui de protéger le mur. Le mortier conseillé est à base de chaux.
Pour les chalets classés A, B et C, les rénovations de façades peuvent bénéficier de subventions. Se renseigner auprès du Service des biens culturels.
Façades en bois
Respecter la technique de construction et le matériau d’origine.
Les ouvertures
Ce qui est valable pour le toit est applicable aux façades: éviter de multiplier les ouvertures. Un chalet n’est pas une villa. Elargir les embrasures de fenêtre vers l’intérieur est une solution pour gagner en luminosité, à la condition de placer la fenêtre là où on a coutume de la voir, c’est-à-dire sur la partie extérieure du mur. Pour les fenêtres, privilégier les cadres en bois et les petits carreaux.
Les portes sont également un élément important de l’architecture traditionnelle des chalets d’alpage. Il importe donc d’en maintenir le caractère originel. Pour amplifier la luminosité, on peut jouer d’astuce : lorsque le chalet est occupé, remplacer la demi-porte supérieure pleine par une demi-porte vitrée.
Il est recommandé de maintenir les ouvertures originelles de la chambre à lait.
L’aménagement de nouvelles ouvertures ou la transformation d’ouvertures existantes nécessite une mise à l’enquête publique.
Le trintsâbyo
Cette pièce, qui abrite le foyer, est l’âme du chalet. Toute l’activité alpestre converge vers cet espace qui est à la fois le creuset de la fabrication fromagère et le point d’ancrage de la vie sociale.
Sol et parois
1. Où l’on fabrique encore le fromage.
L’Ordonnance fédérale sur la transformation hygiénique du lait dans les exploitations d’estivage dicte les règles à suivre. L’association Patrimoine Gruyère-Veveyse met toutefois la priorité sur les solutions qui respectent le caractère du lieu. Ainsi, il est possible de conserver la tradition des parois en bois pour autant que celles-ci répondent aux exigences de l’Ordonnance. Cela est plus en accord avec l’architecture alpestre que des parois de carrelage.
2. Où l’on ne fabrique plus.
Le fait que l’on ne fabrique plus de fromage ne justifie pas de supprimer le foyer ouvert, ni la borne, ni l’inretya (table à fromage), ni la presse à fromage, si elle existe encore. Ces éléments font partie intégrante du chalet. Ce lieu devrait toujours être prêt à fonctionner à nouveau. L’histoire récente l’a démontré : certains chalets, où la fabrication fromagère avait disparu, ont retrouvé leur vocation ancestrale.
Sol
Privilégier la chape en ciment, voire les planches larges en bois massif, éventuellement huilées. Eviter les matériaux étrangers à la région, quel qu’en soit le type (dalles en pierre ou carrelages).
Parois
Privilégier les madriers de sapin. Eviter les petites lames.
Pour les murs, le crépi lisse est recommandé.
Chambres
Pour le plancher, privilégier les planches larges en bois massif.
Pour les parois, priorité aux madriers ou aux planches larges en bois massif glissées dans les rainures des poteaux.
Pour le bois, n’utiliser que de l’épicéa naturel, sans vernis.
Sanitaires
S’il y a une fosse à purin, profiter de placer les toilettes au-dessus, soit à l’intérieur du chalet, soit à l’extérieur dans une annexe discrète. La pose d’un siphon pour éviter le reflux des gaz toxiques et des odeurs est vivement conseillée. Penser alors au dispositif hivernal (attention au gel!). En cas d’utilisation intensive, prendre en considération le problème des eaux usées.
Les toilettes sèches (sans eau) sont écologiques mais il faut s’assurer qu’elles conviennent à l’usage temporaire du chalet.
Aménagements extérieurs
Respecter autant que possible le caractère originel du site.
Eviter les aménagements inadaptés tels que talus empierrés, dalles en béton ou grandes places de stationnement.
Ne planter que des arbres indigènes adaptés à l’altitude, de préférence des feuillus (érable par exemple).
Eviter les essences qui dénaturent le site (thuyas et sapins bleus par exemple).
Panneau de recommandations
Les propriétaires de chalets situés dans le canton de Fribourg peuvent recevoir gratuitement un panneau de recommandations (deutsche Version) à placer dans les chalets. Celui-ci peut également être commandé gratuitement à l’ECAB (info@ecab.ch).